La
recherche d'un abri à l'intérieur de la terre est certainement
la forme la plus ancienne de l'habitat humain.
Des déserts arides aux régions polaires, les grottes
offrent un refuge contre les radiations solaires, les vents, les orages
et les variations climatiques. Les communautés troglodytiques
se sont particulièrement développées dans les
zones de climat continental froid (Chine méridionale), dans
les régions semi-arides (plateaux du sud-ouest des États-Unis
et du Mexique), et surtout dans les pays méditerranéens.
Que ce soit dans les environs de Matmata en Tunisie ou de Marrakech
au Maroc, en amont d'Assouan en Égypte, dans les falaises d'Urgüp
en Turquie, dans la Basilicata en Italie, en Aragon en Espagne ou
dans le sud de la France, c'est autour du bassin méditerranéen
que l'on trouve la plus forte concentrations de troglodytes.
Si les hommes ont choisi ce mode d'habitat pour des raisons d'ordre
culturel, stratégique ou technique (absence de bois), les communautés
troglodytiques ne se sont maintenues que dans les pays où cette
architecture répondait aux contraintes du climat. Lhabitat
enterré nest pas uniquement le fait des opportunités
dun site. En effet, sil sest développé
le plus souvent sur des parois abruptes et ensoleillées, dans
bien dautres cas le site ne se prêtait pas particulièrement
à de tels aménagements: les hommes ont choisi de creuser
des cours de service.  |
Le
principal intérêt que présente un bâtiment
à hyperinertie, cest bien évidemment sa faible
demande énergétique due à la réduction
des échanges thermiques entre lextérieur et
lintérieur.
Les pertes et les gains de chaleur dépendent essentiellement
de 2 facteurs: la transmission de chaleur à travers lenveloppe,
la charge de ventilation nécessaire.
Dans les habitations conventionnelles, la charge de ventilation
correspond aux infiltrations de lair par les portes, les fenêtres,
etc. Les transmissions dépendent du flux de chaleur à
travers lenveloppe, qui est lié à lisolation
et à la différence de température entre lintérieur
et lextérieur de la structure.
Un habitat enterré ne répond pas aux mêmes conditions:
sous terre les températures sont beaucoup plus stables et
les infiltrations dair sont réduites.
Une localisation souterraine permet donc:
- de différer et damortir les variations climatiques
saisonnières
- de modérer les variations climatiques journalières
- de bénéficier de leffet de masse thermique
de la terre environnante (régulation des températures
intérieures et récupération des chaleurs gratuites)
- déliminer les pertes dues à leffet de
léchage du vent
- de diminuer les infiltrations indésirables de lair.
En contrepartie, deux types de problèmes peuvent se présenter:
- la ventilation naturelle peut être insuffisante sans dispositions
particulières
- il y a risque de condensation de lhumidité de lair
sur les murs intérieurs (température du mur inférieure
au point de rosée de la température de lair).
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LA
TEMPERATURE DU SOUS-SOL
Pour comprendre leffet de l hyperinertie due au sous-sol,
il nous faut étudier de quelle façon sétablissent
les températures dans les couches de la terre.
Le sol est soumis à deux types de variations climatiques: les
variations journalières et les variations saisonnières.
Les variations journalières de la température de lair
sont quasiment négligeables.
LUnderground Space Center de Minneapolis, qui a consacré
de nombreuses recherches aux bâtiments semi-enterrés,
a publié une étude qui démontre que les variations
journalières sont éliminées à de faibles
profondeurs.
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Le graphique présente des températures relevées
les 8 et 9 janvier 1978 à Minneapolis.
Dans latmosphère, les températures minimales de
lair sont de
10°C le 8 janvier, et de 6°C
le 9. Pour ces mêmes journées,
les températures
maximales sont respectivement
de 2°C et +6°C.
Si les variations de la température de lair sont importantes
(16°C), en revanche dans le sol la température reste constante
à 20 cm de profondeur autour de 0°C. À cette profondeur,
les variations climatiques journalières nont plus dinfluence
sur la température du sol. |
La température
du sol ne dépend que des variations climatiques annuelles.
Sur une année, la température de lair peut sensiblement
se transcrire sous une forme sinusoïdale.
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Le graphique représente les variations de température
dans le Vaucluse.
La courbe bleue correspond à la température moyenne
de lair.
Sont également indiquées partiellement les courbes des
températures minimales et maximales de lair pour les
mois les plus froids et pour les mois les plus chauds.
Les autres courbes indiquent les températures dans le sol calculées
à différentes profondeurs.
On constate que lamplitude des fluctuations décroît
avec la profondeur. À 6 ou 7 mètres sous terre, la température
se stabilise autour de la moyenne annuelle des températures
de lair, à 15 ou 16°C.
À des profondeurs moins importantes, on remarque un déphasage
des minima et des maxima. Ce déphasage saccroit avec
la profondeur.
En juillet, à 2 mètres de profondeur, la température
du sol est de 16 / 17°C, alors que les températures maximales
de lair sont de 30°C.
On conçoit ainsi aisément le rôle de climatisation
naturelle de la terre.
Chacun a dailleurs pu en faire physiquement lexpérience
en visitant une grotte en période estivale. |
À
des profondeurs moins importantes, on retrouve le même phénomène
damortissement et de déphasage des températures,
mais de manière moins sensible.
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Le graphique présente les températures relevées
à Marignane en 1976, à 50 cm de profondeur.
On retrouve en bleu les courbes de température de lair
moyenne, minimale et maximale.
Les températures du sol ont été relevées
à une profondeur de 50 cm, ce qui représente lépaisseur
des toitures jardins traditionnelles.
On constate un décalage des températures dun mois
environ à 50 cm avec un amortissement important.
Ainsi en juillet, alors que la température extérieure
atteint 27°C, la température du sol ne dépasse pas
les 22/23°C. Lécart de température de 4/5°C
représente en effet un rafraîchissement non négligeable.
Inversement, en hiver, on note une température minimale extérieure
de 3°C alors que la température du sol ne descend pas au-dessous
de 7°C.
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LINFLUENCE
DU BATIMENT SUR SON ENVIRONNEMENT THERMIQUE
Les graphiques précédents analysent les températures
du sol dans des conditions naturelles.
Dans le cas dun bâtiment semi-enterré, le bâtiment
lui-même a une influence sur les couches de terre environnantes.
Dans le cas dun bâtiment en surface, les calories qui
séchappent du local sont immédiatement dissipées
dans latmosphère.
En revanche, avec un bâtiment semi-enterré, les calories
migrent dans les couches de terre et élèvent leur
température. Petit à petit, il va se créer
un réservoir de chaleur autour du logement qui va sopposer
à toute variation climatique brutale.
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THESE F.C. HABITAT ENTERRE. Pertes de chaleur.
THESE F.C. HABITAT ENTERRE. Lignes des flux de
chaleur.
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LE
ROLE DE LA VEGETATION
DANS LE CONFORT THERMIQUE
Le graphique représente des mesures de température réalisées
par M. De Villèle de lINRA de Montfavet sous un sol nu
et sous un sol gazonné à 50 cm et à 1 mètre
de profondeur.
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ATELIER CONFORT DÉTÉ.
Influence de la végétation sur la température
du sol.
On constate
- que linfluence de la végétation décroît
avec la profondeur.
- que cette influence est plus importante en été quen
hiver.
Au mois de juillet, à 50 cm, la température sous un
sol gazonné est de 21°C alors quelle atteint 24°C
sous un sol nu. Cela représente 3°C décart,
ce qui est très important en termes de confort.
À ces données brutes, il faut ajouter que lutilisation
même de la terrasse va également améliorer le
confort dété, par larrosage et leffet
dombrage des arbres ou arbustes.
Larrosage du jardin va provoquer une évaporation qui
va dissiper les calories emmagasinées dans le sol.
Les essences plantées auront également une influence
plus ou moins grande, selon la taille des végétaux et
leur capacité dombrage et dévapotranspiration. |
LISOLATION
DES MURS
Des calculs de lUnderground Space Center, pour comparer différentes
configurations disolation sur les murs, ont été
réalisés pour une maison de 14m x 2,50m et nincluent
pas les effets des percements.
Quatre cas disolation ont été testés:
Les murs A et B

Le mur A, entièrement isolé, permet effectivement de
limiter les pertes hivernales, mais lhabitation totalement isolée
du sol ne bénéficie plus des avantages que procure la
masse thermique environnante.
Le mur B nest isolé que dans la partie supérieure.
la zone isolée correspond aux couches de sol dont les températures
varient encore avec les fluctuations climatiques. La partie inférieure
du mur est soumise à un environnement plus modéré
et nest pas isolée.
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Le
mur C
Pour le mur C, lisolation a été étendue
au-delà du mur avec une retombée verticale parallèle
au mur. Ce schéma demande un surplus disolation, mais
permet une augmentation économique de la masse thermique du
bâtiment dans la zone critique. 20 cm de terre entre le mur
et lisolant permettent une économie de 5% pendant lhiver
et une amélioration du rafraîchissement dété
de 9% par rapport au mur B. En fait, le sol contenu entre le mur et
lisolation tend à se rapprocher de la température
opérante du bâtiment, et contribue à maintenir
ce niveau par sa masse thermique.
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